Dépression
La dépression est un trouble mental fréquent principalement caractérisé par une humeur triste, une perte du goût de vivre et des idées noires.
La dépression qu’est-ce que c’est ?
Le mot dépression n’est pas propre au vocabulaire médical : on l’utilise dans divers domaines tels que la géographie, la météorologie, l’économie…..Le mot dérive du latin « depressere » qui signifie ; enfoncer, abaisser, couler.
En médecine, le mot dépression désigne une affection mentale dont le diagnostic repose sur un ensemble de symptômes et sur un critère de durée. Parmi les symptômes dominent l’humeur triste, la perte du goût de vivre et les idées noires. Pour différencier la dépression d’un épisode de tristesse normale après un événement pénible, il faut que les symptômes évoluent au moins depuis 2 semaines.
En classification DSM (IV et V), le terme « épisode de dépression majeure » est utilisé pour décrire une période pathologique caractérisée par une baisse de l’humeur (tristesse), une diminution de l’intérêt pour la vie et du plaisir (anhédonie) ; ces critères valent d’ailleurs dans plusieurs troubles de l’humeur.
Comment se présente-t-elle ?
La dépression se présente sous un ensemble de symptômes répartis en deux groupes : les symptômes dits spécifiques et les symptômes non spécifiques. Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV), on parle de dépression dès lors que sont présents, depuis au moins 2 semaines, au minimum cinq des symptômes suivants, dont au moins deux parmi les symptômes spécifiques :
symptômes spécifiques :
- humeur triste ou désespérée
- perte d’intérêt, de goût ou de plaisir (anhédonie)
- sentiment de dévalorisation ou de culpabilité, perte de l’estime de soi
- envies de mort, idées suicidaires
symptômes non spécifiques :
- troubles du sommeil
- fatigue persistante
- ralentissement des mouvements
- perte d’énergie
- troubles de l’appétit
- angoisse
- difficultés de concentration
Les symptômes dépressifs peuvent se présenter avec un degré de gravité variable. On distingue ainsi des formes de dépression allant de la dépression légère à la dépression majeure. Dans les formes les plus graves, la dépression se manifeste sous une allure psychotique, avec l’apparition d’éléments délirants : on parle alors de mélancolie, la mélancolie étant souvent associée à des épisodes de manie dans le cadre des troubles bipolaires
Il existe des formes particulières de dépression, dont les plus fréquentes sont :
- la dépression saisonnière : les symptômes dépressifs se manifestent selon une régularité rythmée par les saisons avec un pic en automne ou au début de l’hiver
- la dépression du post-partum : il s’agit d’une forme de dépression souvent intense qui se manifeste chez une femme dans les suites d’un accouchement
La dépression peut apparaît comme un trouble associé à d’autres types de pathologie, qu’elles soient mentales (psychoses, dépendances) ou somatiques (cancers, troubles endocriniens, maladies chroniques…)
Comment la soigner ?
La dépression est une maladie qu’il est important de traiter parce qu’elle comporte un risque mortel non négligeable. En effet, le suicide représente un risque possible, dans 10 à 15 % des cas selon les estimations.
Pourvu qu’elle soit diagnostiquée à temps, la dépression est une maladie qui compte parmi les maladies mentales se soignant le mieux. Le traitement fait appel à des médicaments, à de la psychothérapie ou le plus souvent à une association médication/psychothérapie. D’autres techniques peuvent jouer un rôle adjuvant. A l’exception de la dépression psychotique qui nécessite un traitement spécifique, il semble que, dans les autres formes de dépression, ce soit l’association psychothérapie/médicaments antidépresseurs qui offre le plus de chance d’apporter une amélioration.
Les psychothérapies : dans le traitement de la dépression, la psychothérapie occupe une place importante. Elle permet de travailler sur les aspects psychologiques et sociaux de la dépression. Les psychothérapies analytiques et les psychothérapies cognitivo-comportementales comptent parmi les techniques les plus utilisées. La thérapie cognitivo-comportementale cherche à modifier les comportements et les pensées dysfonctionnelles qui accompagnent la dépression. La thérapie d’inspiration analytique tente de mettre à jour les problèmes inconscients susceptibles d’être à l’origine du trouble. Les psycho-thérapies systémiques peuvent également être utiles.
Les médicaments : les médicaments les plus utilisés pour soigner la dépression sont regroupés sous la dénomination d’antidépresseurs . Les antidépresseurs peuvent être considérés comme des correcteurs d’humeur qui agissent au niveau de la neurochimie cérébrale. Le principe général de leur action consiste à maintenir un taux suffisant de certains neurotransmetteurs dans les espaces situés à la jonction entre les neurones (espaces synaptiques). Il existe plusieurs catégories de substances qui ont un effet antidépresseur dont les plus utilisés actuellement sont les inhibiteurs spécifiques de la recapture spécifique de neurotransmetteurs, soit de la sérotonine seule, soit de la sérotonine et de l’adrénaline (exemple : Prozac). D’autres substances dites de première génération (tricycliques) sont moins utilisées aujourd’hui en raison de leurs effets secondaires (nausées, troubles du sommeil, hypotension, sécheresse buccale…). Il faut noter qu’il est nécessaire de patienter un certain temps, de l’ordre de plusieurs semaines, avant que les antidépresseurs produisent un effet bénéfique. Ceci explique l’importance de poursuivre le traitement sur une durée suffisante. Dans un nombre important de situations, les antidépresseurs s’avèrent efficaces, d’autant plus s’ils sont associés à une psychothérapie.
Autres types de traitements :
- diverses techniques de relaxation ou de thérapies occupationnelles peuvent contribuer à améliorer l’état dépressif
- des traitements médicamenteux symptomatiques peuvent être utilisés pour pallier directement certains symptômes : anxiolytiques, hypnotiques…
- certains traitements à base de plantes ont été reconnus comme par exemple l’hypericine, substance extraite du millepertuis.
- la luminothérapie est susceptible de donner des résultats favorables, notamment dans la dépression saisonnière
- dans les formes graves résistant au traitement par antidépresseurs et psychothérapie, il peut s’avérer utile de pratiquer des séances d’électroconvulsivothérapie (électrochocs)
- dans la dépression psychotique ou la mélancolie, il est nécessaire de recourir à un traitement spécifique approprié, principalement à base de lithium
- le spray nasal (eskétamine) est une forme de traitement introduite récemment pour des dépressions résistantes mais qui demande de répondre à des exigences strictes et qui nécessite d’être administré sous la surveillance d’un psychiatre en milieu hospitalier, en raison de ses effets indésirables.
Quelles en sont les causes ?
Il est fort probable que la dépression résulte d’une cause polyfactorielle. Selon le modèle bio-psycho-social, il faut voir dans la dépression la résultante d’un ensemble de causes conjuguées, d’ordre biologique, d’ordre psychologique et d’ordre social.
Au niveau biologique, l’implication des neurotransmetteurs semble confirmée par le mécanisme d’action des médicaments antidépresseurs. Dans cette hypothèse, ce serait la déficience supposée de certains neurotransmetteurs qui induirait l’apparition des symptômes de la dépression. D’autres hypothèses de type biologiques mettent en cause des variations morphologiques de certaines zones du cerveau (thalamus, hippocampe, lobes frontaux).
Au niveau psychologique, il est indéniable que les personnes qui éprouvent des difficultés à surmonter des événements de vie négatifs risquent davantage de basculer dans la dépression. Selon les modèles théoriques de référence, divers hypothèses explicatives sont avancées : prégnance d’idées négatives sur soi et sur le monde dans la théorie cognitivo-comportementale, mauvaise qualité du lien parental dans la théorie des troubles de l’attachement, perte d’appartenance dans la théorie systémique, résultat d’une souffrance psychique primaire non élaborée dans la théorie psychanalytique.
Au niveau social : des influences environnementales ou sociétales sont incriminées dans la genèse des états dépressifs. La confrontation à des stress répétitifs, les situations de précarité sociale, de maltraitance, de conflits intrafamiliaux constituent des facteurs de risque. La souffrance chronique liée à des conditions de travail pénibles est également évoquée. Plus globalement, ces sont les mutations sociales d’un monde contemporain qui met la pression sur un individu supposé autonome et responsable qui aboutissent, selon certains auteurs comme par exemple le sociologue Alain Ehrenberg, à mener à la dépression ceux qui ne parviennent pas à résister à une telle pression.
Qui est concerné ?
La dépression compte parmi les maladies les plus fréquentes. Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé, entre 3 et 5 % de la population mondiale souffrent de dépression à un jour donné. La répartition montre toutefois de grandes disparités en fonction des pays ou des régions ; la dépression est plus souvent répertoriée dans les zones développées (Amérique du Nord, pays scandinaves, France) que dans les pays défavorisés. Il est possible que les chiffres enregistrés soient sous-estimés car un nombre important de personnes déprimées ne consultent pas.
La probabilité de souffrir une fois d’une dépression au cours de la vie est estimée à 20%, c’est-à-dire qu’une personne sur cinq est susceptible de connaître un épisode dépressif. Dans la plupart des études, les femmes sont nettement plus représentées que les hommes parmi la population des personnes dépressives.
Quelle prévention ?
Tant que les mécanismes de la dépression ne seront pas élucidés, il sera difficile d’agir au niveau de la prévention primaire. Certains estiment qu’une bonne hygiène de vie (exercice physique, limitation de consommation d’alcool, alimentation saine, équilibre entre travail et détente…) peut contribuer à prévenir la survenue d’un épisode dépressif. Le fait de cultiver des liens sociaux ou de pratiquer des activités valorisantes représente également un facteur de protection. L’OMS préconise des approches communautaires au niveau scolaire, en vue d’une part de dépister des situations de maltraitance et d’autre part de stimuler les capacités cognitives et sociales des jeunes.
La meilleure prévention consiste sans aucun doute à identifier précocement une dépression en train de s’installer. En raison du risque suicidaire, il est de la plus haute importance de déceler et de traiter rapidement un état dépressif qui apparaît. En outre, les chances d’amélioration seront d’autant plus développées que le traitement intervient dans un délai rapproché avec l’apparition des symptômes. Dans cette reconnaissance précoce, il ne faut pas sous-estimer l’importance (toujours présente) de la stigmatisation autours des pathologies psychiatriques, y compris celle autour de la dépression et du suicide.
En province de Luxembourg
Si vous éprouvez le besoin d’exprimer vos plaintes, n’hésitez pas à en parler avec votre entourage, à contacter votre médecin, ou un autre professionnel de santé.
En cas de symptômes évoquant un état dépressif, il est important de consulter un professionnel compétent, préférentiellement un médecin psychiatre. Il est possible de s’adresser :
- à un psychiatre consultant en cabinet privé
- à un service psychiatrique d’hôpital général
- à une consultation externe dans un hôpital psychiatrique
- à un service de santé mentale
- En premier lieu, vos pouvez contacter votre médecin généraliste / médecin de famille, qui est souvent le professionnel le plus accessible
- Le suivi psychothérapeutique peut être confié à un psychologue ou à un psychothérapeute
Sur le net vous pouvez trouver des tests destinés à détecter un état de dépression ou à évaluer son degré : ces tests sont à prendre avec précaution, et ne peuvent pas remplacer l’aide d’un professionnel de la santé (si possible un médecin).
Pour en savoir plus
Sur internet:
- Dossier sur la dépression réalisé par l’INSERM : voir ce lien
En librairie:
- Alain Ehrenberg, La Fatigue d’être soi – dépression et société, Paris, Odile Jacob, 1998
- Florian Ferreri, La dépression. 100 questions pour comprendre et guérir, Paris, Odile Jacob, 2012