Traitements biologiques non médicamenteux
De quoi s’agit-il ?
Les traitements dit « biologiques » en psychiatrie se basent sur le principe que les troubles mentaux soit trouvent leur origine dans des dysfonctionnements au niveau cérébral, soit ont pour répercussion des changements/déséquilibres au niveau des neurotransmetteurs dans le cerveau. Ils cherchent à agir au niveau de l’expression neurophysiologique des dysfonctionnements.
Les traitements biologiques les plus couramment utilisés sont les médicaments psychotropes.
Outre les médicaments, il existe d’autres types de traitements biologiques dont la plupart sont devenus actuellement totalement obsolètes. Vu leur inefficacité en comparaison avec les alternatives médicamenteuses, l’utilisation des anciennes techniques ne se justifie plus éthiquement. C’est le cas par exemple de la technique du magnétisme qui connut un grand succès au 18e siècle avec Mesmer. On peut citer les traitements dits « de choc » et la neurochirurgie qui ont été utilisés pour des personnes souffrant de troubles mentaux.
Les thérapies de choc
Ce sont surtout les électrochocs qui, avec le renfort du cinéma, ont frappé les esprits du grand public, rejoignant l’imagerie commune à propos de la folie et des institutions psychiatriques. L’électroconvulsivothérapie ou sismothérapie, plus communément connue sous le terme d’électrochocs, a été mise au point par le psychiatre italien Cerletti aux alentours des années 1930, sur base de l’observation empirique que certains délires schizophréniques s’amélioraient à la suite d’une crise d’épilepsie. Le principe du choc électrique réside dans le fait de déclencher une crise d’épilepsie artificielle, avec l’espoir qu’elle produira un effet bénéfique sur certains symptômes dépressifs ou psychotiques. Les électrochocs ont été largement utilisés dans le traitement des psychoses, principalement de la schizophrénie et de la mélancolie. La technique consiste en l’application d’une décharge électrique sur le crâne sous anesthésie générale et curarisation (paralysie temporaire artificielle des muscles afin d’éviter des spasmes ou contractions trop importantes).
A l’heure actuelle, le recours aux électrochocs est devenu très rare, étant réservé à quelques indications précises d’états dépressifs sévères ou de délires schizophréniques résistants aux traitements médicamenteux.
Le choc par décharge électrique ne représente qu’une des formes de thérapies par le choc. Dans le passé, la psychiatrie en a utilisé d’autres, qui n’ont plus cours aujourd’hui , comme par exemple :
- le choc chimique ou choc au cardiazol est une thérapeutique mise au point par von Meduna au début du 20e siècle; le choc au cardiazol, substance à effet épileptogène, était basé sur le même principe que les électrochocs, à savoir l’antagonisme supposé entre l’épilepsie et la schizophrénie.
- le choc thermique : basé sur une observation ancienne, déjà relevée par Hippocrate, de l’effet bénéfique occasionné par de fortes fièvres sur les symptômes délirants. Ce principe a donné lieu à la malariathérapie, largement pratiquée dans le milieu du 20e siècle : la méthode consistait à inoculer à des patients psychotiques le parasite de la malaria afin de produire chez eux de très fortes fièvres.
- le choc métabolique par coma insulinique : la technique mise au point par le Docteur Sakel visait à plonger le malade dans un coma hypoglycémique par administration d’insuline, puis à l’en faire sortir par un resucrage progressif dans un contexte de maternage intensif. La cure de Sakel était réservée à des psychoses chroniques et a été elle aussi très utilisée avant l’ère des neuroleptiques.
La contention
A l’opposé des thérapies de chocs, les traitements biologiques en psychiatrie ont également tenté de contenir l’agitation des patients. Les bains étaient autrefois une méthode très utilisée. Outre l’isolement et la contention physique, la recherche de sédation s’est surtout développée grâce au recours à des substances chimiques, comme par exemple les barbituriques ou les opiacés . Les « cures de sommeil » où les patients étaient plongés dans un sommeil profond proche d’un état subcomateux (narcothérapie), ou à l’inverse la déprivation de sommeil, ne sont plus pratiquées de nos jours.
Neurochirurgie
Dans le passé, a été utilisée la lobotomie. Cette méthode a toutefois fait l’objet de nombreuses critiques, d’autant plus que son efficacité a été controversée.
De nos jours on voit arriver la technologie moderne qui ouvre de nouvelles perspectives, comme par exemple le recours à des implants cérébraux, qui selon la zone où ils sont placés permettent de réguler des émotions, des idées ou des comportements.
Pour en savoir plus :
- Traitements biologiques en psychiatrie, P.Schulz, Deboeck, 2013
- Naissance de la psychiatrie biologique, J.-N. Missa, PUF, 2006
- Nouvelle histoire de la psychiatre, J. Poster, C. Quetel, Dunod, 2012