Médicaments psychotropes
Que sont les médicaments psychotropes ?
Quelle est la place des médicaments dans le traitement des troubles mentaux ? Sont-ils utiles ? Sont-ils efficaces ? Présentent-ils des inconvénients ou des risques ? Quelles sont les précautions à prendre lors de leur utilisation ? Quels sont les principaux groupes de médicaments ? Dans quels types de troubles sont-ils surtout utilisés ?
Cette rubrique envisage de répondre, de manière simple, à ces différentes questions, tout en rappelant que, pour toute information plus détaillée ou personnalisée, il vous est toujours possible d’interroger votre médecin. La loi relative aux droits du patient octroie en effet un droit à l’information, en vertu duquel le praticien est tenu de vous informer le plus complètement possible au sujet de tous les aspects du traitement proposé.
C’est dans les années 1950 qu’ont eu lieu les premières et principales découvertes de substances chimiques présentant un effet sur le psychisme via une action au niveau du fonctionnement du système nerveux central. Ces substances portent le nom global de psychotropes. De manière générale, un médicament psychotrope est donc un médicament qui a pour effet de provoquer une modification de l’activité mentale. Il convient de noter que, si l’homme a découvert des molécules chimiques capables d’agir sur le fonctionnement psychique, les médicaments sont loin d’être les seules substances à effet psychotrope : de telles substances existent aussi dans la nature, essentiellement dans des organismes végétaux (café, pavot à opium, coca, champignons hallucinogènes…). L’alcool et les drogues de synthèse sont d’autres exemples de substances qui agissent au niveau du fonctionnement mental. Depuis les temps les plus reculés, l’homme a pris l’habitude de consommer ces produits dans différents contextes (soins, rites sociaux ou religieux…).
Principales catégories de médicaments psychotropes
Il existe plusieurs manières de classer les familles de médicaments psychotropes. La plus souvent utilisée est une classification qui se base sur les effets de ces médicaments. Selon cette classification, les principales classes de médicaments psychotropes sont les suivantes :
- Antidépresseurs : médicaments utilisés pour soulager les symptômes de la dépression
- Anxiolytiques : médicaments qui visent à diminuer l’angoisse
- Neuroleptiques (antipsychotiques): médicaments utilisés pour réduire les symptômes liés à un état psychotique
- Régulateurs de l’humeur (normothymiques) : médicaments destinés à stabiliser l’humeur ; ils sont surtout utilisés dans le traitement des troubles bipolaires.
- Hypnotiques (somnifères) : médicaments destinés à traiter l’insomnie
- Antiépileptiques : médicaments destinés à prévenir les crises d’épilepsie
- Psychostimulants : médicaments dont l’effet recherché est la lutte contre la somnolence et la difficulté de concentration
Quand sont-ils indiqués ?
La classification basée sur les effets recherchés des médicaments psychotropes donne des indications sur les types de troubles mentaux dans lesquels leur utilisation est préconisée. Ainsi:
- les antidépresseurs sont-ils surtout utilisés dans le traitement de la dépression,
- les anxiolytiquessont-ils surtout utilisés dans le traitement des troubles anxieux,
- les neuroleptiques sont-ils surtout utilisés dans le traitement des psychoses,
- les somnifères sont-ils surtout utilisés dans le traitement des troubles du sommeil,
- les antiépileptiques sont-ils surtout utilisés dans le traitement de l’épilepsie,
- les psychostimulants sont-ils surtout utilisés dans le traitement de la somnolence et des troubles de la concentration
Toutefois, cette classification des médicaments psychotropes est une classification qui manque de finesse pour correspondre adéquatement à la complexité et à la diversité des symptômes cliniques observés dans les troubles mentaux. Le nom de la classe du médicament ne recouvre pas toujours l’indication attendue du produit : ainsi, par exemple, le traitement médicamenteux de choix pour le TOC (trouble obsessif compulsif) est actuellement le recours aux antidépresseurs. Pour cette même raison, il est fréquent que les médecins prescrivent des associations de plusieurs types de psychotropes, les complètent par d’autres classes de médicaments ou encore les associent à d’autres types de traitements non médicamenteux (psychothérapies, ergothérapie, accompagnement social…)
Quels sont leurs effets ?
Agissant principalement sur les symptômes, les médicaments psychotropes ne constituent pas un traitement causal, mais bien une forme de traitement symptomatique. Ce faisant, ils sont certes susceptibles de stabiliser ou d’améliorer l’état clinique, mais pas toujours de guérir. Au niveau des symptômes, il est indéniable qu’ils présentent une certaine efficacité, des effets positifs sont généralement observés. Les neuroleptiques par exemple ont considérablement changé l’approche thérapeutique des psychoses en réduisant de manière importante les symptômes de type délirants ou hallucinatoires. Pour les autres classes de médicaments psychotropes, le bénéfice est souvent réel ; il l’est d’autant plus que la médication est administrée dans le cadre d’une relation de confiance entre le médecin et le patient. On constate également que les résultats sont davantage favorables lorsqu’au traitement médicamenteux est associé un autre type d’accompagnement, par exemple de type psycho thérapeutique.
Comme la plupart des médicaments, les psychotropes ne peuvent pas être utilisés à la légère, sans avis médical, car ils présentent la possibilité d’effets secondaires, parfois importants pour certains d’entre eux. Ainsi par exemple, les neuroleptiques provoquent fréquemment des problèmes neuro-musculaires (mouvements involontaires, rigidité, tremblements) qui nécessitent l’administration de médicaments correcteurs, des effets métaboliques indésirables (troubles du métabolisme des graisses, prise de poids) ou encore des altérations des fonctions sexuelles. Il faut toutefois noter que les nouvelles générations de neuroleptiques voient ces effets largement atténués.
En raison de ces effets secondaires parfois pénibles à supporter pour les patients, il existe un risque d’arrêt prématuré du traitement. Or, certains troubles mentaux, dont les psychoses, nécessitent des traitements de longue durée (plusieurs années) afin d’obtenir une stabilisation et de prévenir les rechutes. Il est capital que le patient puisse comprendre sa pathologie et les enjeux liés à son traitement. Il ne doit pas hésiter à interroger son médecin à propos des effets qu’il observe ou qu’il ressent suite à l’administration des médicaments. Il est hautement souhaitable qu’il puisse bénéficier d’un accompagnement régulier voire d’une éducation thérapeutique.
Un autre inconvénient important qui vaut pour de nombreux psychotropes est le risque de dépendance. Ce risque est plus ou moins élevé selon les classes de médicaments. Il apparaît surtout important pour certains hypnotiques ou anxiolytiques. La dépendance est sans doute un des facteurs qui explique un autre problème majeur lié à l’utilisation des médicaments psychotropes, à savoir l’automédication et la surconsommation. Dans de nombreux pays, il apparaît effectivement que les psychotropes représentent les types de médicaments les plus largement prescrits et consommés, au point de susciter des mises en garde régulière de la part des autorités sanitaires.
Pour ces différentes raisons, il est vivement recommandé de ne pas consommer des médicaments psychotropes en dehors d’un avis médical.
Pour en savoir plus
Site du SPF Santé Publique : Psychotropes, quels risques ?