Troubles bipolaires
Le trouble bipolaire (maniaco-dépression) est un trouble psychiatrique caractérisé par une fluctuation anormale de l’humeur oscillant entre phases de dépression (mélancolie), d’euthymie et d’accès maniaques.
Qu’est-ce que c’est ?
Le trouble bipolaire, ou anciennement trouble maniaco-dépressif, est un diagnostic psychiatrique décrivant une catégorie de troubles de l’humeur définie par la fluctuation anormale de l’humeur, oscillant entre des périodes d’élévation de l’humeur ou d’irritabilité (manie ou dans sa forme moins sévère d’hypomanie), des périodes de dépression et des périodes d’humeur « normale » (euthymie).
Quelles en sont les manifestations ?
Il existe plusieurs formes du trouble bipolaire :
- Type 1 : maladie « classique » : alternance de hauts et de bas intenses, avec des phases maniaques bien marquées
- Type 2 : trouble qui se caractérise par une prédominance des phases de dépressions et par des phases maniaques moins marquées (hypomanie).
Qu’est-ce qu’un épisode maniaque ?
L’épisode maniaque se caractérise par :
- une durée d’au moins une semaine, selon une période nettement délimitée durant laquelle l’humeur est anormalement élevée et persistante
- la présence d’au moins 3 des symptômes suivants persistant avec une intensité suffisante :
- Augmentation de l’estime de soi ou idées de grandeur,
- Réduction du besoin de sommeil,
- Plus grande communicabilité que d’habitude ou désir de parler constamment,
- Fuite des idées ou sensations subjectives que les idées défilent,
- Distractibilité (p. ex., l’attention est trop facilement attirée par des stimulus extérieurs sans importance ou insignifiants),
- Augmentation de l’activité orientée vers un but (social, professionnel, scolaire ou sexuel) ou agitation psychomotrice,
- Engagement excessif dans des activités agréables mais à potentiel élevé de conséquences dommageables (p. ex.., la personne se lance sans retenue dans des achats inconsidérés, des conduites sexuelles inconséquentes ou des investissements commerciaux déraisonnables)
- des symptômes suffisamment marqués pour altérer la vie quotidienne de la personne (professionnel, social, relations interpersonnelles), avec un sentiment de perte de contrôle sur sa situation, pouvant l’amener à l’hospitalisation (afin de prévenir des conséquences dommageables pour elle-même).
Qu’est-ce qu’un épisode hypomaniaque ?
- Durée : une période nettement délimitée durant laquelle l’humeur est anormalement élevée et persistante, pendant au moins 4 jours.
- Au moins 3 des symptômes présentés dans l’épisode maniaque, ayant persisté avec une intensité significative.
- L’épisode s’accompagne de modifications indiscutables du fonctionnement, qui diffère de celui de la personne hors période symptomatique.
- La perturbation de l’humeur et la modification du fonctionnement sont manifestes pour les autres.
- Contrairement à l’épisode maniaque, la sévérité de l’épisode n’est pas suffisante pour une entraîner une altération marquée du fonctionnement de la personne, qui garde le contrôle sur sa situation.
Quelles sont les causes ?
Globalement, les causes du trouble bipolaire semblent être une combinaison d’une fragilité génétique, de facteurs environnementaux, de la qualité de la vie affective, des stress et des traumatismes importants et répétés vécus depuis la naissance.
Les causes organiques :
- Prédisposition génétique
- Perturbations neurobiologiques (anomalies dans la production et la transmission des substances chimiques cérébrales, les neurotransmetteurs) et hormonales (notamment le cortisol, jouant un rôle dans le stress).
Les causes environnementales et relationnelles :
- Facteurs psychologiques et environnementaux
- Relations sociales, familiales, professionnelles
- Événements de vie (chocs émotionnels, deuil, stress, grossesse, mariage …).
- Influence saisonnière (rôle de la luminosité) dans le déclenchement des phases
Qui est concerné ?
Le trouble bipolaire est une pathologie fréquente dont la prévalence sur la vie entière au sein de la population générale est estimée à environ 1 à 2%. Toutefois, en fonction des instruments utilisés, ce taux peut augmenter quelque peu (entre 4,5% et 6%). Le type I toucherait, quant à lui, seulement 1% de la population.
Le trouble bipolaire touche autant les femmes que les hommes, peu importe leur origine socio-culturelle ou leur niveau socio-économique. Cependant, les femmes manifesteraient plus d’épisodes dépressifs, tandis que les hommes présenteraient plus d’épisodes maniaques.
L’âge de début du trouble se situe généralement entre 15 et 30 ans. En général, dix ans s’écoulent en moyenne entre les premiers symptômes et la mise en route d’un traitement.
Très souvent, on observe que les phases maniaques diminuent en intensité et en fréquence avec l’âge.
Comment soigner ?
En matière de traitement, le point crucial est de parvenir à obtenir la collaboration et la compliance du patient, car, surtout en phase maniaque, celui-ci ressent peu la souffrance et éprouve dès lors peu le désir de se faire soigner.
La prise en charge du trouble bipolaire est complexe et doit être réalisée sur plusieurs plans. Chaque personne étant unique, le traitement doit être adapté et prescrit au cas par cas, par un médecin. On peut réaliser celui-ci en deux phases :
- Traitement des accès aigus
- Prévention des rechutes.
Il existe des traitements médicamenteux, et psycho-thérapeutiques. Combiner ces deux formes traitements donne lieu à de meilleurs résultats.
Il est très important d’apprendre au patient de reconnaître les signes annonciateurs de la survenue d’une nouvelle phase, de manière à intervenir rapidement.
Le traitement médicamenteux :
- Généralement, un thymostabilisateur ou stabilisateur de l’humeur (lithium, valproate, lamotrigine, carbamazépine) est donné aux personnes souffrant d’un trouble bipolaire. A celui-ci peuvent s’ajouter des antidépresseurs, des neuroleptiques ou des anxiolytiques.
Le traitement psycho thérapeutique :
- La psychothérapie est un soutien important. Elle ne constitue cependant pas à elle seule une prise en charge suffisante et vient en complément du traitement de fond.
Plusieurs types de psychothérapies peuvent être proposés :
- Thérapie cognitivo-comportementale, psychoéducation, psychanalyse (bien que les effets soient controversés), thérapie centrée sur la famille et les rythmes sociaux, …
Autres thérapies :
- En phase de dépression, la luminothérapie peut constituer un recours complémentaires aux deux premiers types de traitements.
En province de Luxembourg
- Le suivi par un psychiatre est conseillé. A certains moments de l’évolution, un séjour en hôpital peut être indiqué.
Pour en savoir plus
- A lire : Psychiatrie, soins infirmiers aux personnes atteintes d’affections psychiatriques. Ch. Prudhomme, Ch. Jeanmougin, B. Duffet. Maloine, 2009
- Site Psycom